Mémoires pour bâtir l'avenir

[Emy]

Pour des raisons familiales, je peux évoquer les suites néfastes de la très mauvaise paix de 1918, car ma famille a souffert et par chance, je connais bien l’histoire de ma famille.

Cette connaissance me donne des clefs, me permet de comprendre des comportements, voire même certaines répétitions de vécus à travers les générations. Comme tant d’autres familles et peuples à travers du monde après 1918. Ce qui s’est passé en Russie fait encore froid dans le dos. Tout un peuple dont la mémoire a été effacée par un système idéologique … Je pense à l’effroyable deuxième guerre mondiale avec l’Holocauste. LE MAL ABSOLU.

Je crois profondément à une transmission trans générationnelle de la mémoire, bien que je ne sois ni scientifique, ni psychologue.

Aujourd’hui, nous le sentons dans nos activités paroissiales et sociales, le monde est en train de changer. Nous sommes amenés à aborder certaines problématiques de manière différente, de changer nos regards et de nos façons de faire.

Le fait de connaître le passé, d’expliquer, afin de comprendre, de donner des noms, de verbaliser son vécu, ses souffrances, au lieu du blabla flou de la langue de bois des politiquement corrects, nous aidera à mieux l’appréhender et à ne pas répéter les erreurs commises et finalement à préparer l’avenir de nos enfants pour qu’ils vivent mieux. Et là je ne parle pas d’avoir beaucoup d’argent, beaucoup de biens, beaucoup de ceci ou de cela. Je parle d’un équilibre, une harmonie entre nous et ceux qui nous entourent, entre nous et la nature que l’on maltraite depuis si longtemps déjà en ignorant que la nature reprendra toujours ses droits. Cette conscience là est en train d’émerger après au moins 40 ans de gaspillage en d’aveuglement de tout genre. Espérons qu’il ne soit pas trop tard.

Je me considère comme chrétienne et citoyenne, je souhaite de tout cœur que d’autres se reconnaissent à nouveau comme chrétiens et citoyens. Que nous nous ouvrions à respecter , d’établir des ponts à d’autres façons de penser, de vivre … Attention, je ne parle pas de « vivre tous ensemble », mais de la co-existence paisible entre les peuples et les religions dans le respect de nos différences. L’erreur commise par la langue de bois idéologique de certains politiques est de faire miroiter que nous pouvons tous vivre ensemble, et regarde ce qui s’est passé en Yougoslavie, ce qui est en train de se passer, j’ai peur, en Georgie, ce qui se passe entre Israéliens et Palestiniens … non, l’Europe doit être une co-existence de nations, de peuples, de langues différentes avec des buts communs : en économie, en social, en droit, en respect cultuel et culturel.

[Fille du vent.]

Emy,
Je remarque qu'il y a un écart intéressant, entre ce que les personnes portent en elles-mêmes de souvenirs, d'impression du passé (tout un monde), et ce qui en reste lorsqu'elles se livrent à une petite enquête familiale sur le sujet : comme si tout devenait simple, plat, sans mystère...
Tu n'as pas remarqué ça ?

[Emy]

Concernant ta remarque, c’est tout simplement une question de mettre des mots dits ou écrits par celles et ceux qui ont vécu les événements sur nos impressions subjectives, sur ces « non »-dits » qui finissent par vivre leur propre vie, c’est très dangereux et cela reste enfoui dans la mémoire pour ressurgir durant les générations suivantes en les empêchant de s’ouvrir à un nouvel avenir, tant le passé est pesant. Regarde ce qui se passe en Israël.
Ceux qui sont aujourd’hui les auteurs de violences ne sont pas les victimes des Nazis, mais leurs fils, leur petits-fils … Ils font subir à des générations de Palestiniens ce qu’ils ont vécu pendant 2000 ans …. Au lieu des mots, ce sont les armes qui parlent ….. Et quand on parle un langage franc, on n’est pas écouté, mais assassiné, seuls les manipulateurs trouvent écoute. Ces beaux parleurs du politiquement correct qui se servent au passage au lieu de s’occuper du bien commun. J’en ai le cœur si lourd.

[Fille du vent.]

Je n'ai pas l'impression que les israéliens aient le monopole de cette "violence générée par les mémoires transmises".
Les jeunes palestiniens, comme les jeunes algériens, me semblent porteurs d'un très lourd fardeau : ce qu'on leur a transmis des souffrances de leurs parents et grands-parents.
Si bien que la situation actuelle, déjà insupportable souvent, est encore majorée par ce poids de la souffrance ancienne, transmise, poids que rien ne vient alléger.

[Emy]

J’ai retrouvé dans ma bibliothèque un recueil d’entretiens entre le Palais (Pays-Bas) et les grands penseurs (Krzystof Pomian, Robert Cooper, Larry Siedentop, Bronislaw Geremek,récemment décédé, Dominique Moïsi, Kemal Dervisz, Leonard Ornstein et Lo Bremer) sur le passé, le présent et l’avenir de l’Europe. Ils y parlent de l’identité européenne dans un perspectif historique, de la relation entre citoyen et état en Europe, des différences culturelles et des frontières européennes. Ces entretiens ont eu lieu à l’initiative du Palais (sur invitation personnelle de Sa Majesté la Reine Béatrix des Pays-Bas, Européenne convaincue) après le choc des « nons » hollandais et français à la Constitution Européenne. Pour autant que je le sache, ce recueil n’a pas été traduit en français ou en anglais ….

[Bertha]

La Société des Nations, créée après la guerre de 14, n'a pas réussi à empêcher la deuxième guerre mondiale, mais c'est sans doute qu'on ne lui avait pas donné les moyens.
Les leçons ont été tirées pour l'ONU et maintenant, il y a le Tribunal Pénal International. Les responsables des pays savent qu'ils ne peuvent plus faire n'importe quoi. Et les moyens de communication, avec la télé et Internet, font que la terre entière est au courant très rapidement. Les chefs d'état sont vite l'objet de la réprobation de la terre entière.